Between A Queen And A Princess - Ft. Shireen Baratheon

Shireen feat. Margaery

Shireen avait changé.
C'était devenu une évidence, et personne ne songeait à le nier. De la petite fille qui avait vécu la guerre des Cinq Rois, apprit à lire à ser Davos lors de son passage aux cachots, vécu le blocus dans la neige, voyagé au Nord jusque Châteaunoir et vu Mère mourir, il ne restait plus rien. Elle était devenue une adolescente, reconnaissable uniquement grâce aux marques de la greyscale qui couvraient son visage. Peu de gens la reconnaissaient du premier coup avant de voir les cicatrices. Shireen aimait ça. Une revanche prise sur la guerre, sans aucun doute.
Elle aurait aimé interdire aux gens de la considérer toujours comme une gamine, mais elle ne pouvait pas, parce qu'ils ne l'écoutaient plus comme juste après la mort de Mère, quand les Tyrell n'avaient pas "envahit" pacifiquement Peyredragon Elle en venait presque à regretter sa vie d'avant, maintenant. On l'ignorait encore plus. Avant, elle recevait quand même un peu d'attention. Parce qu'elle était l'héritière de Père. Même ça, les Tyrell lui avaient volé alors que c'était, en vérité, un peu tout ce qu'elle avait.
De timide, douce et toujours triste, Shireen était devenue amère et avait quelques envies de meurtre refoulées envers certaines personnes. Lady Mélisandre, parce qu'elle avait transformé Père en quelque chose que Shireen n'arrivait pas à reconnaître. Margaery Tyrell, parce qu'elle lui avait volé sa place. Et... le petit Steffon qui venait de tout bouger dans sa vie en l'espace de quelques mois à peine.
C'était injuste.
Elle avait eu une place dans ce monde jusque maintenant, certes dangereuse, mais qui lui garantissait le respect des gens de Port-Réal, où ils habitaient depuis que Père avait été officiellement couronné. Shireen n'aimait pas Port-Réal. Ça puait le Lannister de partout.
Alors qu'à Peyredragon elle avait pu avoir une liberté, limitée mais quand même présente, elle n'avait plus rien à Port-Réal. Elle était suivie par des gardes en permanence, et ne pouvait se balader nulle part en étant seule. Alors qu'elle ne suivait pas le culte des Anciens dieux, elle se rendait de plus en plus souvent au bois sacré parce que c'était le seul endroit où personne ne venait lui parler.
Comme Sansa Stark avant elle, bien que Shireen l'ignorait.

Elle quittait justement le bois, ayant décidé de passer par les jardins, un endroit où elle pouvait facilement échapper à des gardes qui auraient voulu la rapatrier dans sa chambre qu'elle n'avait pas le droit de quitter. A cause de la greyscale. Et de Steffon. Comme toujours. Dès sa naissance, Shireen s'était surprise à ne pas aimer Steffon et souhaiter que quelqu'un d'Essos lui apporte une poupée contaminée de Valyria.
Mais les garçons, même encore à l'état de nourrissons, ne jouaient jamais avec des poupées idiotes.
Ça aurait été impossible.
Mais d'un côté, Père aurait sans doute fait pareil que pour elle, tout faire pour le sauver, c'était ce qu'il lui avait dit, à Châteaunoir. La bonne vieille époque sans Tyrell.
Justement... Shireen était trop perdue dans ses pensées lorsqu'elle entendit des voix, les voix qu'elle détestait. Elle s'arrêta derrière un bosquet pour écouter.
On parlait d'elle.
De la même manière que d'habitude.
Elle grimaça et serra les poings, souhaitant qu'un dragon anéantisse le mestre qui disait ces mots, maintenant.

« Le GreyScale dont elle est atteinte, peut être dangereux pour le petit Steffon. »

En même temps, elle se détestait à penser des choses pareilles. Elle voulait arrêter d'écouter, avant qu'il ne soit trop tard et que ça lui occupe les pensées pendant le reste de la semaine.

« Avec tout le respect que je vous dois, votre altesse, il est de mon devoir de vous avertir. Le roi, préfère sa fille à votre fils. »

Shireen retint un petit rire sarcastique. Ironie ! Non, jamais Père n'aurait pensé une chose pareille. La Tyrell était donc assez idiote pour croire ça ? Elle n'avait jamais vu les agissements de Mère, ni ceux de Père envers elle, qui se fichait de sa fille comme de sa première épée tant qu'elle ne venait pas le voir tout seul.
Quand le mestre s'en alla, pâlissant en la voyant, Shireen le foudroya du regard.

« Laissez-moi passer ou mon Père en sera averti,» ordonna-t-elle.

Elle le fixa jusqu'à ce qu'il quitte les lieux, et se dirigea vers la direction opposée de l'endroit où se trouvait la Tyrell, n'ayant aucune intention de la voir.
Le mestre se méprenait. Elle faisait tout pour l'éviter, elle autant que Steffon, et était même capable de prendre des repas dans sa chambre histoire de ne pas avoir à les supporter.
Ce qu'elle ferait si la Tyrell l'apercevait, Shireen l'ignorait pour le moment.
Fuir discrètement ? C'était toujours une option...

©junne.